Jeudi 29 Juillet, 2021 á Dakar
Economie

[Focus] Hausse des taux directeurs : Un choix aux conséquences économiques profondes

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Le comité de politique monétaire de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l'Ouest (BCEAO) a récemment annoncé une décision majeure, à savoir une augmentation de 0,25% de ses taux directeurs, portant ainsi le principal taux directeur à 3,5%. Cette mesure, qui entrera en vigueur à compter du 16 décembre, soulève des interrogations quant à son impact potentiel sur l'économie régionale. Pour éclairer cette question, nous avons sollicité les analyses perspicaces de l’économiste Meissa Babou.


Décryptage du taux directeur


« Le taux directeur est un indicateur des taux d'intérêt des banques commerciales. C'est à la BCEAO, la banque mère, de donner le premier niveau de taux d'intérêt. Si la banque fixe le taux, par exemple, à 3,5%, les autres banques peuvent aller plus 2, plus 3 points, plus 5 points. Et donc, ta banque te dira intérêt 8%, 9% », explique l’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop. Cette décision pourrait entraîner une limitation des prêts bancaires, avec des conséquences significatives sur la vie quotidienne des citoyens et l'activité économique dans la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).


Les implications du taux directeur


En pratique, cette hausse des taux directeurs pourrait décourager les emprunts, entraînant une baisse de la consommation et, de manière plus globale, des activités commerciales. « Le BTP peut s'arrêter. Toutes les activités commerciales peuvent être ralenties en attendant des jours meilleurs », prévient-il. Les banques, confrontées à une surliquidité due à un manque d'emprunts, pourraient également subir de grosses pertes financières.


Un contexte international contesté


Le Gouverneur de la BCEAO justifie cette hausse en anticipant les risques liés aux tensions inflationnistes et aux comptes extérieurs de l'Union. Cependant, Meissa Babou conteste cet argument, affirmant que les récents événements internationaux ne justifient pas cette décision. « Nous avons passé un décap extrêmement dangereux. C'était la Covid et la guerre en Ukraine. Aujourd'hui, la seule nouvelle guerre israélo-palestinienne ne peut pas justifier une augmentation des taux d'intérêt dans notre sous-région. Cette guerre, c'est vrai, présente les risques de participation des pays comme la Turquie, l'Iran ou les pays arabes, mais son impact devrait se limiter peut-être sur le pétrole. Mais venir nous dire qu'ils vont agir par rapport à ces risques-là ne me semble pas quand même un argument plausible », déclare l’enseignant-chercheur, tout en relevant les possibles impacts sur le financement de l'économie et de la consommation. Il met également en garde contre les effets contradictoires de cette décision, notamment en termes de croissance économique et d'investissements.


Scepticisme face aux projections de la BCEAO


Quant aux perspectives, la BCEAO prévoit un taux de croissance de 5,7% pour l'année 2023, maintenu à un niveau identique à celui de l'année précédente, tandis que le taux d'inflation devrait connaître une baisse à 3,7%. Ces projections soulèvent des questions sur la pertinence de la récente décision d'augmenter les taux directeurs. Sur ce point, Meissa Babou est catégorique : « la prévision de baisse du taux d'inflation qui était, je le rappelle, à 9%, ne justifie plus une augmentation des taux d'intérêt ». Il précise que même si le taux d'inflation atteint désormais 3,7%, cela demeure dans une fourchette acceptable, ce qui remet en question la nécessité de relever les taux directeurs.


L'analyste économique émet des réserves face à la contradiction apparente entre la décision d'augmenter les taux et les objectifs économiques. « Avec un taux de croissance de seulement 5,7%, ce qui est extrêmement maigre, on devrait plutôt encourager l'investissement des entreprises pour augmenter leur croissance. Mais on devrait aussi libérer le crédit, baisser les taux, pour que les consommateurs puissent avoir de l'argent et consommer », explique-t-il. Cette mesure pourrait entraîner des risques aux répercussions incommensurables, notamment en freinant la production des entreprises et en décourageant la consommation des ménages. « Dans une économie où on ne consomme pas, il n'y aura pas de croissance, les entreprises risquent aussi de fermer ou de ralentir leur production. Donc, je vois qu'il y a une contradiction », affirme-t-il.


L'économiste de l'UCAD pointe également du doigt la nécessité d'un financement accru de l'économie en période de baisse de croissance. « D'une part, avec cette nouvelle augmentation, par rapport à la baisse du taux inflationniste qui devait interdire toute augmentation du taux, et par rapport aussi à cette baisse de croissance qui exige un financement plus accru de l'économie, je ne sais pas comment on peut regrouper des arguments aussi contradictoires les uns que les autres pour prendre des décisions catastrophiques pour tout le monde », conclut-il.


Dans ce contexte économique tendu, les autorités monétaires et les décideurs politiques devront naviguer avec précaution pour concilier stabilité financière et stimulation de la croissance. Les prochains mois seront sans doute déterminants pour évaluer l'impact réel de ces décisions sur les économies de la région.



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3 Comments

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    Stiven Jones

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