Jeudi 29 Juillet, 2021 á Dakar
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[Focus] Talk-shows: Quand les artistes sont sacrifiés sur l’autel du buzz

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La récente mésaventure de Carlou D sur un plateau de la 2STV traduit un malaise persistant des artistes sur les plateaux de télévision. Finie l’époque des Ambroise Gomis ou Michael Soumah, qui faisaient ressortir le meilleur de leurs invités. Désormais la culture du clash, du buzz s’est emparée des plateaux. Seneweb s'est penché sur ce phénomène en donnant la parole à des acteurs du milieu qui déplorent cette évolution.

Au Sénégal, les médias ont longtemps été un lieu privilégié des artistes pour promouvoir leur travail et se connecter avec leur public. On se rappelle l’émission «Jazz» de Michael Soumah sur Dakar Fm, «Puissance Fm» d’Aziz Coulibaly, «Télé variétés» de Maguette Wade, «Génération 80» de Moïse Ambroise Gomis sur la RTS qui ont fait éclore de nombreuses sommités de la musique sénégalaise telle qu’on la connaît aujourd’hui. On peut également citer dans le même registre «Week-end Stars» ou «Midi +».

Cependant, un phénomène que d’aucuns déplorent s'est installé au fil des années : l'humiliation des artistes par leurs hôtes sur les plateaux où ils sont invités.

Ce problème, nourri par la quête du buzz et le manque de formation de la plupart des présentateurs, a poussé de nombreux artistes à se tourner vers les médias étrangers pour éviter de subir ces pratiques humiliantes. Ou tout simplement à refuser de répondre aux invitations des médias sénégalais.

Thioro Mbar Ndiaye : «Un artiste invité doit être mis à l’aise»

À l’ère des réseaux sociaux, les médias sénégalais ont souvent succombé à la tentation de générer du buzz à tout prix. Cette recherche effrénée de l'audience a conduit à des pratiques sensationnalistes où les artistes sont parfois utilisés comme des instruments pour créer des moments de télévision choquants. Les conséquences de cette quête du buzz sont néfastes pour les artistes, qui se retrouvent humiliés, dévalorisés et parfois même stigmatisés.

Papis Niang, producteur et réalisateur à Art-Bi Management, estime que «la différence entre les présentateurs d’hier et aujourd’hui se situe sur le fait que le défi des présentateurs tels que Michael Soumah, Aziz Coulibaly, n’était pas d’interviewer des artistes déjà connus, c’était plutôt de dénicher des talents, de les présenter dans une émission afin de faire décoller leur carrière».

Il renseigne que toute une génération s’est faite connaître grâce à Michael Soumah. «Positive Black Soul, Daara-j, Fallou Dieng, Ma Sané, toutes ces personnes n’avaient pas d’album la première fois qu’ils avaient été invités par Michael Soumah. Juste pour te montrer le rôle crucial qu’un animateur peut jouer dans la carrière d’un artiste», renseigne Papis Niang.

La journaliste de la TFM Thioro Mbar Ndiaye «estime qu’un invité, comme son nom l’indique, mérite respect et considération». Elle martèle : «Nous devons mettre à l’aise les invités et les apprécier à leur juste valeur. A ce rythme nos stars et autres célébrités finiront par choisir les plateaux et émissions internationaux où ils sont bien appréciés.»

Guissé Pène : «Une bonne présentation passe par une bonne préparation»

Pour certains spécialistes, le problème réside dans le manque de formation des présentateurs. Bien que de nombreux animateurs de télévision soient talentueux et engagés, certains manquent de compétences essentielles pour mener des interviews respectueuses et constructives, signalent ces derniers.

Des erreurs telles que des questions indiscrètes, des remarques déplacées ou des interruptions constantes ont malheureusement été trop fréquentes, contribuant ainsi à l'humiliation des artistes invités.

Des journalistes-présentateurs culturels tels que Pape Cheikh Diallo, Dj Boubs, Khardiata Niang Sy, Alioune Badara Mané pour ne citer que ceux-ci, sont reconnus aujourd’hui dans leur manière d’introduire et d’interviewer les artistes afin de mettre en avant ce qu’il y a de meilleur en eux. Des pratiques à promouvoir et à perpétuer pour le bien de l’industrie musicale sénégalaise.

Selon l’acteur culturel Guissé Pène «un animateur doit d'abord avoir des informations sur son invité et ne pas trouver son contenu qu'à travers les questions. Une émission c'est du sérieux et doit se préparer. Les artistes sénégalais ont besoin de respect parce que pour atteindre le niveau ils le doivent à eux-mêmes dans des conditions difficiles et hypothétiques».

Les conséquences pour les artistes

Face à ces pratiques, de nombreux artistes sénégalais ont exprimé leur mécontentement et pris la décision de se tourner vers les médias étrangers pour promouvoir leur travail. Cette situation a un impact négatif sur la scène médiatique sénégalaise, car elle prive les téléspectateurs de la richesse et de la diversité de l'art local, tout en renforçant la prédominance des médias étrangers.
 
Car comme le renseigne Papis Niang «la carrière d’un artiste est toujours séparé en trois moments : la préparation d’un album, sa promotion et la consommation des fruits de cet album». Le producteur de poursuivre : «Quand l’artiste se prépare, il disparaît des radars, c’est durant la promotion qu’on le voit au-devant de la scène et cette partie est très importante pour lui, car c’est ce qui lui permettra d’avoir les gains de son produit. L’animateur doit savoir à quelle période se trouve l’artiste avant de l’interviewer, sinon ça lui porte préjudice.»

Djiby Thioye, producteur Musical, pointe quant à lui «un problème parfois oublié : il s’agit du fait qu’il arrive qu’un animateur soit pro ou anti tel artiste, cela peut se ressentir sur l’émission». Il ajoute que «le présentateur doit se limiter à faire une émission avec un artiste de manière professionnelle et équilibrée, peu importe qu’on l’aime ou non».

Thioro Mbar Ndiaye nous fait savoir que «les artistes et leurs staffs aussi ont leur rôle à jouer dans ce phénomène parce qu’il est important de bien choisir les plateaux, le présentateur, les chroniqueurs avec qui débattre et ce n’est nullement être prétentieux, au contraire cela fait partie du professionnalisme parce qu’il y va de l’image de l’artiste qui est avant et après tout un être humain, un chef de famille ou un chef d’entreprise». «Je peux dire que nous gagnerons à respecter davantage nos invités», conclut le journaliste.

Les solutions possibles

A l’unanimité, nos intervenants estiment que pour remédier à ce problème, il est essentiel que les médias sénégalais prennent des mesures concrètes pour promouvoir un traitement plus respectueux des artistes invités. Cela peut se faire grâce à la mise en place de formations pour les présentateurs, axées sur les bonnes pratiques d'interview et de communication. De plus, un dialogue ouvert entre les artistes, les médias et le public est nécessaire pour sensibiliser et encourager le respect mutuel.

Ainsi, les médias sénégalais pourront rétablir la confiance des artistes et contribuer à la création d'un environnement médiatique plus sain et respectueux.
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3 Comments

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    Stiven Jones

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      Stiven Jones

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